L'Aigle Royal, ou Aigle Fauve, ou Aigle Doré, est le plus grand rapace chasseur d'Europe après le Pygargue à queue blanche. Toutefois, c'est un chasseur beaucoup plus entreprenant que le Pygargue, dont une bonne part du régime alimentaire est constitué d’animaux morts, comme l'atteste la faiblesse de ses serres et au contraire la puissance de son bec - adaptation fonctionnelle typique des charognards.


Sa silhouette :


En vol : Elle s'apparente à celle d'une buse avec toutefois quelques différences caractéristiques. Quand l'oiseau "cercle", les trajectoires sont beaucoup plus larges et donnent l'impression d'un déplacement lent, les ailes, relativement plus étroites, apparaissent plus longues. Elles dessinent souvent un V très ouvert, leurs extrémités sont nettement "digités" - les plumes se découpent comme les doigts d'une main ouverte. La tête et le cou sont généralement plus proéminents que chez la buse et surtout la queue, plus longue, est carrée aux extrémités.


Posé : l’Aigle Royal paraît évidemment plus puissant, mais plus long, plus haut sur pattes, avec la tête plus « dégagée » et le bec plus apparent. Les tarses sont emplumés jusqu’à la naissance des doigts.


Taille et poids :


L'envergure varie de1,80m à 2,20m.


Le poids est 4 à 5Kg pour le mâle, 5 à 6kg pour la femelle.


La coloration du plumage, brun roussâtre à brun sombre - d'où le nom d'Aigle Fauve, autre dénomination de l'Aigle Royal - avec les plumes de la tête plus ou moins roux pâle, d'ou l'appellation d'Aigle Doré - ne varie pas chez les adultes de plus de 5 ans. En revanche, la coloration des plumes de couverture des jeunes est beaucoup plus uniforme et surtout la queue est blanche sur presque toute sa longueur, avec une barre brun sombre à l'extrémité. En vol, on découvre la base blanche des rémiges qui dessinent une grande bande blanche longitudinale sous chaque aile. Cette partie blanche de l'aile, de même que la partie blanche de la queue, s'estompe progressivement au fil des saisons, de sorte que vers 5-6 ans l'Aigle Royal a acquis son plumage adulte définitif.


Biotope : Aujourd'hui en Europe moyenne, l'Aigle Royal est un rapace rupestre (qui niche dans les falaises). On ne le rencontre pratiquement plus que dans les massifs montagneux comme, les Pyrénnées, les Alpes, le Massif Central, depuis peu le Jura, l'Écosse, la Scandinavie, les Balkans et les Karpates.Il y a plusieurs siècles il nichait jusqu'en plaine, en forêt de Fontainebleau par exemple. Mais, depuis des siècles l'espèce a été persécuté, en même temps que ses ressources alimentaires et plus globalement ses conditions de vie, de sorte que, actuellement, il ne subsiste plus que dans les secteurs tranquilles que lui offrent les zones montagneuses.


Reproduction :

Par nature l'Aigle Royal choisit plutôt les falaises pour se reproduire – d’où son nom germanique d’Aigle des Rochers (Stein Adler), cependant même aujourd'hui, en Norvège et en Écosse par exemple, certains couples nichent dans les arbres.


Le nid, de dimensions modestes au départ - 50cm de diamètre pour une épaisseur de 30 à 40cm environ, peut, au fil des ans, devenir une construction de grande taille pouvant atteindre 2m de diamètre et autant de haut.


La ponte de 1 à 3 oeufs, mais le plus souvent 2, est réalisée au mois de Mars.


L'incubation débute à la ponte du premier oeuf et se poursuit pendant environ 43 jours.


L'élevage des jeunes à l'aire dure quelques 80 jours. Ils restent dépendants des adultes pratiquement tout l'été et même parfois pendant pratiquement un an. Même si 2 ou 3 jeunes peuvent éclore, si les ressources alimentaires sont insuffisantes, le plus âgé tue ses frères et soeurs.


Le "chant" (C'est beaucoup dire, et au fond, compte tenu de la corpulence de l'Aigle, c'est mieux comme ça. Imaginez un chant en proportion de celui d'une fauvette à tête noire ?)

Le mode de chasse : l'Aigle Royal chasse aussi bien à l'affût qu'en vol. Néanmoins sa technique de chasse de prédilection consiste à planer en glissant à quelques mètres du sol, en suivant les contours des pentes, pour surprendre une proie inattentive, une Marmotte par exemple. Le poids maximum que peut enlever, avec difficulté, et en profitant des courants aériens toujours présents en montagne, est de l’ordre de 5Kg – le poids d’une marmotte. On a beaucoup affabulé sur les prétendues possibilités physiques extraordinaires de l’Aigle Royal, qui emporterait les moutons, les chèvres et même les enfants. Évidemment tout ça se passait autrefois du temps où on croyait facilement à toutes sortes d’invraisemblances, mais heureusement de nos jours l’éducation à progressé, enfin j’espère, où alors les Aigles Royaux sont moins forts qu’autrefois.
Non l’Aigle Royal n’attaque pas l’homme, quand on va baguer ses jeunes au nid, par exemple, il s’enfuie.


Situation : Après une régression proche de l'extinction vers le début des années 70, pour peu que les conditions biologiques - biotope et ressources alimentaires - soient encore préservées, l'espèce re-occupe peu à peu ses anciens territoires. Sur la chaîne jurassienne, on compte plus ou moins 4 à 5 couples cantonnés, mais un seul se reproduit tous les 2 à 3 ans, avec une taux de fécondité extrêmement bas, probablement du à la faiblesse des ressources alimentaires - pas de marmottes, comme dans les alpes, plus de lièvres. Dans le Jura l'Aigle Royal doit se rabattre sur les renards, mustélidés, et animaux morts.


Avenir de l'espèce : Sur beaucoup de régions, dont les conditions biologiques sont préservées, la situation de l'espèce s'améliore d'années en années. Sur le Jura, elle ne demande qu'à le faire, mais les proies disponibles sont insuffisantes. Un projet de soutien alimentaire à base de « charniers contrôlés », comme c'est le cas pour les Vautours dans les Causses, permettrait à l'Aigle Royal de se réimplanter durablement dans notre région. Un tel projet n’est pas seulement un rêve «d’écolo», mais un centre d’intérêt important pour le Tourisme, qui reste l'activité économique d'avenir de notre région, encore heureusement épargnée par l'envahissement de l'homme.