Qu'est-ce qu'un Rapace ?


Un rapace est un oiseau de proie - un oiseau prédateur
- qui, à la différence d'autres oiseaux prédateurs, tels que, les Merles, les Mésanges, les Hérons ou les Goélands, a évolué de telle sorte qu'il a acquis la capacité d'utiliser ses doigts - ses "serres" - pour capturer sa nourriture, alors que les autres oiseaux prédateurs utilisent leur bec.

Le bec des rapaces est "crochu", il ne sert pas à tuer - sauf les Faucons qui mordent les vertèbres cervicales de leurs proies pour les paralyser - mais à déchiqueter. Un rapace ne donne pas de "coups de becs", il mord pour dépecer ses proies.


La plupart des rapaces présentent un fort dimorphisme sexuel – la femelle est plus grosse que le mâle. Ce dimorphisme est d’autant plus accentué que l’espèce considérée est ornithophage – c’est-à-dire qu’elle chasse des oiseaux. C’est ainsi qu’il est maximum chez le Faucon Hobereau, l’Épervier, l’Autour des Palombes et le Faucon Pèlerin. Pour cette dernière espèce, utilisée de longue date en fauconnerie, donc familière, cet écart au profit de la Femelle a valu au Mâle le nom de « Tiercelet » (environ 1/3 plus petit que sa compagne). Quand on parlait de « Tiercelet », il s’agissait toujours du Mâle de Faucon Pèlerin. La Femelle était dénommée « Forme » ou simplement Pèlerin. D’ailleurs, c’était la femelle des oiseaux de chasse traditionnelle qui donnait le nom à l’espèce :
Lanier pour la Femelle, Laneret pour le Mâle, Sacre pour la Femelle, Sacret pour le Mâle, Épervier et Émouchet.
Aujourd’hui, l’usage du terme « tiercelet » s’est généralisé à l’ensemble des rapaces. On parlera donc d’un tiercelet d’Aigle Royal, etc…

L'acuité visuelle des rapaces, c'est-à-dire leur capacité à discerner les détails, est de 7 à 10 fois supérieure à la nôtre. La rétine des rapaces diurnes, dispose d’une forte densité de cellules - en forme de cône – responsables de la vision des couleurs . Dans l’humeur vitrée de l’œil flottent des gouttelettes graisseuses colorées, dont on pense qu’elles permettent au rapace de mieux identifier une proie sur l’arrière-plan. Un organe particulier – le « peigne », sorte de proéminence fortement irriguée à l’intérieur du globe oculaire – améliorerait encore la perception visuelle des oiseaux de proie.
De plus la rétine, comme celle de nombreux oiseaux chasseurs, possède 2 fovea – région de la rétine légèrement déprimée, dont la densité des cellules visuelles est particulièrement élevée. L’une d’elle, orientée vers l’avant, rend possible la poursuite des proies, tête dans l’axe de vol, l’autre orientée latéralement – la fovea profonde – autorise une « vision à haute définition », mais avec un seul oeil.

Les "cuisses" des rapaces de nos régions sont recouvertes de plumes, un peu flottantes, de plusieurs centimètres de long, qui évoquent une culotte, d'où le nom de "culotte" qui leur est traditionnellement donné (Exception le Balbuzard pêcheur, dont les plumes en question sont courtes et plaquées contre la cuisse).

Comment reconnaître un rapace?


- Posé, on peut noter que sa tête est volumineuse, par rapport à celle d'oiseaux de même corpulence, et que son cou, bref, donne l'impression que la tête est directement posée sur les épaules. À l'exclusion des vautours et des aigles, le bec est relativement court, et peu proéminent.

- En vol, la tête dépasse peu en avant du plan des ailes, à la différence de la queue, plus ou moins longue selon les espèces.


Pourquoi les rapaces ont-ils des morphologies différentes.


Chaque espèce est adaptée à un milieu - un biotope - particulier. En fonction de ce Biotope, le mode de vie, le mode de chasse, le type de proies est donc lui aussi particulier. Il découle que chaque espèce, en fonction de sa spécialisation plus ou moins accentuée, aura une morphologie et un comportement plus ou moins "spécialisé" :

- Ceux qui chassent dans une végétation haute, buissonneuse ou en forêt, ont une queue longue et des ailes généralement larges et courtes (Autour, Éperviers...).

- Ceux qui chassent à terrain découvert (Faucons, Buses, Milans, Busards...) peuvent avoir des ailes longues et plus ou moins larges.

- Certains sont des chasseurs d'oiseaux - Faucon Pèlerin, Épervier, Autour des Palombes, par exemple. Leurs proies étant difficiles à capturer, et moins nombreuses, ils sont donc rares. Leur territoire est de grande étendue.

- D'autres sont des chasseurs de rongeurs - Faucon Crécerelle, Busards, Buses - les proies étant abondantes et faciles à prendre, ces rapaces sont donc plus abondants. Leur territoire est de petite taille.

- D'autres encore sont des chasseurs très spécialisés - Balbuzard Pêcheur qui ne capture que des poissons, ou Circaëte qui ne chasse que des reptiles, eux aussi sont rares. Eux aussi disposent d'un vaste territoire de chasse.

- D'autres enfin sont des "charognards" qui se nourrissent totalement ou en grande partie d’animaux morts - Vautours strictement charognards et Milans qui peuvent capturer de petites proies à l’occasion .


Technique de Vol.

Les rapaces utilisent deux techniques distinctes pour leurs déplacements :

- Le vol battu plus ou moins rapide selon les espèces, souvent entrecoupé de phases planées.

- Le vol plané sans ou avec quelques coups d'ailes intermittents. Les rapaces, avec les oiseaux de mer, sont les rois du vol plané. Il leur permet de se déplacer sur de grandes distances avec le minimum de dépenses énergétiques. Pour prendre de la hauteur le rapace plane en cerclant, dans une "ascendance thermique" - montée d'air chaud - où en profitant d'une "ascendance de pente" - courant d'air dévié vers le haut par le relief.


Technique de capture.


Le mode de chasse varie avec les espèces en fonction de leur biologie, de leur morphologie, des proies attaquées et du biotope. En revanche, la capture en elle-même est très semblable d'une espèce à l'autre : le rapace se redresse sur sa trajectoire et projette les serres en avant en même temps qu'il écarte les ailes en arrière.

Abondance ou rareté des rapaces. Aucun rapace ne "prolifère".

L'abondance d'une espèce est à la fois fonction de la technique de chasse de l'espèce considérée et de la qualité du biotope dans lequel elle évolue, mais plus particulièrement de l'abondance de ses proies spécifiques.

Les chasseurs de reptiles s'attaquant à des proies relativement rares, difficiles d'accès - grandes herbes, broussailles - ainsi que les chasseurs de poissons - les piscivores - sont eux aussi très rares.

De même, les chasseurs d'oiseaux, dont les proies sont mobiles, ne sont jamais abondants. Les chasseurs à l'affût et/ou s'attaquant à de petites espèces localement bien représentées (pinsons, étourneaux par exemple), sont plus nombreux que les chasseurs en plein vol.

Les grands charognards, bien que très voyants, sont rares, car ils sont en bout de "CHAINE ALIMENTAIRE" et ne disposent pas de ressources alimentaires importantes. Ceux de petite taille tels que, les Milans Noirs, beaucoup plus éclectiques dans leurs choix alimentaires, sont mieux représentés.

Les rapaces diurnes ne digèrent pas les poils ou les plumes de leurs proies. Poils et plumes restent dans le jabot où, au cours de la digestion des parties carnées et des os, ils sont "compactés" en petites boules allongées qui sont régurgitées par le bec, le lendemain de leur absorption. On les dénomme "pelotes de réjection". L'analyse de ces pelotes permet de déterminer le régime alimentaire des rapaces.

Migrations.

La migration est une conséquence de la raréfaction des ressources alimentaires pendant l'hiver.
Ceux dont les ressources disparaissent totalement ou ne sont plus accessibles, tels que, le Faucon Hobereau, la Bondrée apivore (insectivores) - les Milans Noirs (charognards éclectiques) migrent, dès les mois d'Août et Septembre, vers le Sahel (régions au sud du Sahara).
Ceux dont les proies se raréfient, au moins localement, du fait de la couverture neigeuse par exemple, sont partiellement migrateurs, Milan Royal, Faucon Crécerelle, ou Buse Variable par exemple.
Ainsi, dans le Jura en hiver est-il possible d'observer parfois, de fortes concentrations de Buses Variables (Buse commune), en train de chasser les campagnols ou tout simplement de "tirer" les vers de terre. Ce phénomène, local et transitoire, est, évidemment, immédiatement interprété par quelques ignorants, comme une "prolifération" de Buses. En fait, dès le lendemain ou les jours suivant, à partir du moment où les ressources alimentaires ne seront plus assez importantes, ces Buses auront disparu pour "exploiter" une autre prairie ou un autre labour.

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