RÉPONSES !

21 Mai 2005.

Bonjour,
Je vais essayer de répondre à vos questions, encore que la technique soit un problème d’observation sur le terrain et non de remarques par courriel.


1) Oui, le fait de regarder franchement dans l’axe du lancer ne facilite pas la «fermeture» des épaules ; d’ailleurs depuis une dizaine d’années de plus en plus de lanceurs orientent leur visage vers la droite, le cas le plus flagrant est celui de Raymond Hecht qui tourne son visage et regarde complètement à droite.


Le mieux, je pense, est d’orienter le visage de 3/4 à droite tout en continuant à « guetter » du coin de l’œil vers le haut et l’avant (Regardez l'attitude et l'orientation du regard de Zelezny sur la photographie de la page d'accueil Javelot). Le fait de «garder un œil» vers l’avant permet d’éviter un mouvement de tête trop brutal et trop ample vers la gauche au moment du lancer, mouvement qui risque de déclencher le «face-avant» prématuré que l’on veut précisément éviter.


2) «L’action du pied droit». Il s’agit essentiellement d’un appui soutien, si possible sur la plante, afin de permettre au bassin de passer rapidement au delà de l’appui, pour une prise d’appui gauche rapide. Cette action de soutien peut, selon l’orientation du pied droit au moment du contact au sol, être accompagnée d’un pivot plus ou moins important vers l’avant. Ce pivot remet le pied et la jambe en ligne avec le sens du déplacement, ce qui permet au bassin de faire face avant. Le plus souvent, sauf cas particuliers - chez les touts débutants par exemple - il est inutile de demander d’activer le pivot du pied droit qui se fait «tout naturellement». Selon l’amplitude de ce pivot, le pied peut se retrouve dans l’axe du déplacement – Zelezny, Backley - ouvert à droite – Hecht – ou orienté talon à l’extérieur – Parviainen. Il ne faut rien voir de particulier ou de fondamental dans ce positionnement. Il n'est que le prolongement de l’inertie du mouvement d'adduction de la jambe droite et se son plus ou moins grand relâchement après le passage à l’appui droit.



3) Tout à fait. Dans les lancers lourds et au lancer de disque, la prise d’appui droit se fait pied orienté vers l’arrière (par rapport à la direction du lancer). La vitesse de translation horizontale de l’arrière vers l’avant est beaucoup plus faible que celle observée chez un lanceur de javelot, même débutant, il découle que le passage à l’appui droit dure 3 à 4 fois plus longtemps. Cette faible vitesse horizontale est insuffisante pour faire « passer» la hanche droite de l’arrière vers l’avant, au moment du blocage jambe gauche, par simple effet inertiel. Pour faire « face avant » le lanceur doit activer volontairement sa hanche vers l’avant par une poussée rotation adduction du pied et de la jambe droite.
Au lancer de javelot, le problème est différent, sauf les cas particuliers des lanceurs débutants qui ont tendance à lancer «en se croisant» les bras, par insuffisance de «face avant». La grande vitesse de déplacement horizontale induit le plus souvent, et vous le constatez sur vous-même, un «face avant» prématuré et trop conséquent (rappelons qu’il ne doit pas dépasser le plan frontal perpendiculaire au sens du déplacement pour permettre à l'épaule de conserver un appui solide sur la structure anatomique sous-jacente).
C’est pourquoi je pense que, non seulement il est inutile, mais bien souvent nuisible, de demander «d’avancer» la hanche droite au lancer de javelot. La vitesse horizontale de déplacement, le blocage de la jambe gauche et la tendance instinctive à faire face à la direction du déplacement, provoquent de toute façon «l’avancée» de la hanche droite. Il n’est pas nécessaire «d’en rajouter».
De plus, le temps de passage à l’appui droit, aussi bien que le passage en «double appui» est tellement bref, que le lanceur n’a pas le temps de penser à la fois à avancer la hanche pour ensuite la bloquer et simultanément penser à projeter son épaule droite vers le haut et l’avant dans le même dixième de seconde. Par ailleurs, une «avancée» de la hanche droite provoque une cambrure de la colonne lombaire qui, non seulement est source de blessures dorsales, mais de plus, amortit la mise en tension des muscles de l’épaule. Si les meilleurs lanceurs mondiaux utilisent tous une large ceinture, c'est précisément pour rendre le buste - bassin et cage thoracique - rigide, sans flexion lombaire (Zelezny porte même deux ceintures, une sur le T-shirt, sous le débardeur et une deuxième, sur le débardeur, qu'il met en place au moment de lancer).
Si vous observez précisément les meilleurs lanceurs de javelot, vous constaterez que le «face avant» concerne le buste dans son ensemble - bassin et cage thoracique pivotent vers l’avant «d’une seule pièce» - la hanche droite n’avance pas plus que la partie de la cage thoracique située immédiatement au dessus. L’observateur est souvent trompé par le fait que l’épaule et le bras droit tendent, par inertie, à «rester sur place» - c'est le "temps d'épaule" - alors que le buste pivote violemment face avant, dessinant avec la jambe droite qui «traîne» derrière, une sorte de courbe - le soit disant «arqué du dos» - qui donne l’illusion «d’une avancée» plus importante de la hanche droite.
Le meilleur conseil, selon moi – avec les réserves dont j’ai parlé plus haut – est, non pas de demander d’avancer la hanche droite mais au contraire de chercher à la « bloquer» en arrière du plan frontal, sachant que l’inertie l’amènera quand même dans le plan frontal, ou légèrement au delà (Voir Photos du double appui de Zelezny). Dans le cas contraire la hanche passera le plan frontal, entraînant une cambrure du dos, rendant inefficace l’action de l’épaule, seul propulseur véritable lors du lancer (Voir vitesses et accélération dans les analyses techniques).


4) Il suffit de regarder les films au ralenti, la hanche droite descend jusqu’au contact gauche, puis remonte pour se bloquer sensiblement dans le plan frontal.


5) De quelle action du pied droit parlez-vous ? Pour des débutants on est parfois contraint de demander une action en « pivot » à gauche du pied droit dès le contact au sol. Ce pivot a pour but d’éviter une ouverture de la cuisse vers la droite et l’arrière, pendant le passage à l’appui (L’ouverture du pied et du genou provoque un ralentissement de la progression vers l’avant). Chez le lanceur expérimenté ce mouvement est devenu automatique et le lanceur peut alors se concentrer sur plus important, l’action finale au contact gauche.


6) Comme expliqué en (3), l’intension doit plutôt être fixée sur la projection de l’épaule droite.


7) Il suffit d’observer :

6 Avril 2005 :

Votre javelot convient tout à fait pour votre niveau de performance.
Ce qui fait surtout la différence, vous vous en doutez, c'est le "bonhomme" qui est derrière le javelot.
Un bon moyen de progresser, qui demande peu de temps et d'investissement, tout en permettant des corrections immédiates, car le geste est répétitif, est de faire des séries de lancers de balles dans le style des soeurs Chikolenko, mais contre un mur, ce qui permet de récupérer la balle au rebond.
En ajustant votre distance au mur, cela vous permet de récupérer la balle avant quelle touche le sol et d'enchaîner, par exemple 20 lancers de balles de 1Kg, à raison de 1 lancer toutes les 3 à 4 secondes.
Si vous faites 5 à 6 séries de 20 lancers, ça vous prendra, avec les temps de repos, entre 10mn et 1/4 d'heure, répété 3 fois la semaine, cela fait 3 à 400 lancers de balles.
Commencez par des lancers du type de celui de la "vieille" Chikolenko, avec le coude qui suit presque une trajectoire circulaire, puis selon la technique de la plus jeune des deux soeurs.
http://rjmonneret.free.fr/Javelot/PageJavelot.html "Entraînement, Préparation, Musculation" Échauffement Pré-compétition Balle 1,5Mo (N.&T Shikolenko)
Tout à votre disposition,

14 Février 2005.

Pour la musculation, je suis assez d'accord avec ce que font les allemands, à savoir pour ce qui est des exercices généraux, peu d'exercices, mais simples : épaulés, et/ou arrachés, et/ou soulevés de terre (Voir Page préparation et Musculation). Le mieux, étant l'arraché, mais attention au dos. Il n'est pas nécessaire de partir barre au sol , car cela pose le problème technique du passage de la barre au niveau des genoux. Il vaut mieux partir avec la barre sur élevée et débuter l'exercice de là - voir Boris Henry.
Pour ce qui est des Pull-Overs, c'est l'exercice de musculation spécifique du lancer de javelot. Si on ne devait conserver qu'un seul execice de musculation, ce serait celui-ci. Les PO doivent êtr travaillés de façons variées :
- PO en force maxima, donc nécessairement les bras sont fléchis.
- PO à charges moyennes, en recherchant l'étirement maximum des épaules vers l'arrière, puis le retour des bras vers le haut le plus vite possible, bras le plus tendus possibles.
- PO de type "Boris" (Voir page prépa), avec charges moyennes, en insistant sur le dynamisme.
- PO pliométriques, il s'agit de lancers de barres. Ces exercices peuvent être faits de 2 façons, soit en laissant étirer les épaules au maximum vers le bas avant de lancer la barre, soit en raidissant les muscles des épaules pour éviter de se laisser trop étirer (il s'agit presqu'un d'un "rebond" de la barre dans les mains du lanceurs).
Dans tous les cas, les PO doivent être exécutés (évidemment, pour autant que la charge le permette), avec les bras et les épaules le plus possible étendus loin de l'axe de rotation du mouvement.
Il est vivement conseillé, de terminer tous les exercices de force par des exercices d'étirement, et des lancers de médecin'ball (pas trop lourds - 2kg par exemple), en recherchant le dynamisme, l'amplitude et le relâchement du geste.

Pour la vivacité du DG, c'est à 2 niveaux :

- travail de PPG générale à base de courses de vitesse et de sauts en longueur - en insistant sur la vivacité des 2 derniers appuis, etc..
Par exemple, faire des séries de 30 m en sprint sans javelot, puis avec javelot de face, puis avec javelot de profil en insistant sur épaules bassin de profil, impulsion droite (ce n'est pas facile), en "rebondissant au sol, pour terminer par un GDG final en restant de profil.
Même chose de profil, mais avec temps de suspensions égaux, et même finale GDGGDG.....
Même exercice, en insistant cette fois-ci sur l'impulsion gauche, ce qui est plus facile : GdGdG, tec….
Par exemple, après un échauffement de type école de course - style séance Backley-Zelezny :
- 30m sprint pur + 30m avec javelot de face + 30m avec javelot de profil DgDgDg, + 30m de profil DGDGDG + 30m de profil GdGdGdG.
Chaque 30m étant terminé par un hop et GdG le plus vif possible (Intention de poser le dernier appui gauche avant le droit, ce qui n'est évidemment pas possible). 2 à 4 séries.

- travail technique, en insistant sur le hop, en faisant des exercices, type impulsion G et faire passer le pied G en avant du droit avant l'arrivée au sol de celui-ci, ne pas poser le gauche (dans un premier temps - voir page préparation physique), puis idem en cherchant à poser le G avant le D, ce qui n'est pas possible, mais cela tend à réduire l'intervalle de temps DG.
6 Février 2005.
Merci de l'intérêt que vous portez au lancer de javelot?
 
- Pour ce qui est de la musique, j'aurais aimé la garder, mais la SACEM exigeait environ 30 000 F de droits d'auteurs, ce qui est dispendieux, vue que notre distribution est faite sans prise de bénéfice. J'ai donc supprimé toute musique.
 
- Pour ce qui est de la pose du pied droit de Zelezny. Vous avez parfaitement raison, il le pose exactement à la verticale de la hanche droite, de sorte qu'il est le seul à ne pas perdre de vitesse au passage à l'appui droit. C'est l'idéal, mais cela nécessite des capacités physiques, en particulier, des temps de réaction, extrêmement rapides. Ce n'est pas à la porté de tout le monde.
 
- Pour ce qui concerne "la prise d'avance des appuis", je pense, qu'au lancer de javelot où la vitesse de déplacement est importante, il vaut mieux parler d'avance de la hanche gauche - au moment du "hop" - plutôt que d'avance des appuis - les appuis suivront suffisamment. L'avance des appuis, comme vous le soulignez justement, est contradictoire, non pas avec une avancée de la hanche droite, mais avec le maintien de la vitesse de déplacement vers l'avant. En disant cela je pense à certain(es) lanceur(ses) français, qui en procédant de la sorte, "campent" sur leur pied droit, ont beaucoup de mal à accélérer vers le dernier appui gauche et simultanément laissent "tomber" le bras droit (au lieu de "l'enrouler"..
 
- La "poussée" de la jambe droite. C'est un conseil "pédagogique", qui ne correspond pas à une réalité objective, car quand la jambe « pousse », soit disant, elle a quitté l’appui droit, elle « pousse » dans le « vide ». Ce conseil «technique», permet parfois de faire comprendre que la jambe droite s'allonge totalement vers l'arrière – et ainsi maintien la tension de la chaîne musculaire du côté droit (Voir entraînement Boris Henry)- muscles de la partie antérieure de la cuisse, psoas-iliaque, grands droits de l'abdomen, rotateurs internes de l'épaule. En tous cas cette « pseudo poussée » n'est surtout pas une poussée au passage à l'appui, si non le bassin et le lanceur "montent" vers l'avant, la pose d'appui gauche est retardée et, pendant ce temps de suspension prolongé, le face avant se produit, entraînant, le plus souvent, un "plantage" sur la jambe gauche.
- Le "pointé du genou" droit vers le sol, peut être un conseil utile, pour éviter justement la "poussée" vers le haut, de la jambe droite. Mais d'une façon générale, s'il n'y a pas de problème majeur à ce moment du lancer, il me semble préférable de concentrer toute son attention sur le "maintien" de la hanche droite "en arrière" jusqu'au contact gauche, et sur son blocage violent au moment du contact terminal pied gauche.
Pour illustrer la violence du "claqué-pied-gauche". Quand il y a quelques années, Serge Leroy m'avait invité au meeting de Villeneuve d'Ascq, j'ai eu la chance de me trouver à quelques mètres de la zone terminale de la piste d'élan du lancer de javelot. Quand les "GROS" lançaient, en particulier Zelezny (91,40m ce jour là), le blocage jambe gauche était si brutal que le sol vibrait, à tel point, que les plombages de mes dents du haut, me tombaient dans la bouche. C'est tout dire. J'exagère un peu, mais à peine.
 
- Pour ce qui est de "l'avance" de la hanche droite, certes la hanche droite avance, puisqu'elle passe d'une situation en arrière de la hanche gauche, pour atteindre plus ou moins le niveau de celle-ci. Mais, à mon avis ce n'est pas un problème crucial, bien que nombre d'entraîneurs soient braqués dessus.
En effet au lancer de javelot, compte tenu de la grande vitesse de déplacement du lanceur par rapport à celle des autres lancers, la simple inertie du côté droit, au moment du "blocage" de la jambe gauche, amène la hanche droite au niveau , et, si rien n'est fait pour bloquer cette rotation "face-avant", bien au delà de la hanche gauche, ce qui est catastrophique. Le problème majeur - sauf pour certains débutants qui lancent en restant de profil, auquel cas, bien entendu il faut demander d'avancer la hanche droite, ou plutôt le côté droit - n’est pas d’avancer, mais plutôt de BLOQUER la hanche droite (voir bio-mécanique du temps d'épaule) de façon à ce qu'elle ne dépasse pas la hanche gauche, sinon le côté droit s'affaisse au lieu de progresser vers le haut et l'avant. Conséquence, perte de tension musculaire des rotateurs internes de l’épaule = perte de vitesse d’éjection du javelot, la main droite, à la suite du côté et de la hanche droite, descend = la queue du javelot tend à être rabattue vers le bas, et le javelot pointe « en l’air » tend à atterrir à plat ou sur la queue.

Personnellement donc, sauf cas particuliers, je ne parle jamais d'avancée de la hanche droite, mais bien au contraire de "blocage de la hanche droite". Dans la même optique, et pour les mêmes raisons, bien que là aussi, ce soit un conseil technique souvent entendu, je ne parle jamais, sauf cas très particuliers, d’accompagner le javelot, mais au contraire de le « fouetter » vivement à la verticale du pied gauche.
Pourquoi ? Tout simplement parce que le javelot doit quitter la main à la verticale de l'appui gauche (ou tout au moins dans le plan vertical et frontal passant par l'appui gauche). Dans le cas contraire, après son passage au point haut - à la verticale du pied gauche - la main ne peut que redescendre. Comme son appui sur le javelot est en arrière du C.d.G., son mouvement descendant provoque inévitablement une mise en rotation arrière du javelot – même si la pression de l’air sur la queue du javelot tend à contrebalancer cette rotation parasite – il en découle un aplatissement de la trajectoire et un redressement de la pointe du javelot qui part « pointe en l’air » et tend à atterrir à plat ou par la queue.